Le véritable auteur de Fiducia Supplicans est Luther. Disputationes Theologicae

25 Marzo 2024 Pubblicato da

Marco Tosatti

Chers amis et ennemis de Stilum Curiae, nous soumettons à votre attention, grâce à la traduction de L.L., que nous remercions très sincèrement, cet article publié par Disputationes Theologicae. Bonne lecture et bonne diffusion.

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Le véritable auteur de Fiducia Supplicans est Luther. Disputationes Theologicae

Le triomphe de la ‘théologie’ de Kasper à travers Fernandez ?

Statue de Luther au Vatican

Le 13 janvier 2024, le courageux évêque néerlandais Rob Mutsaerts, a retracé dans son article “Cette diabolique ambiguïté” (Die duivelse ambiguïteit) les étapes de la protestantisation et de la démolition du catholicisme aux Pays-Bas. Grandement scandalisé, il voit dans Fiducia Supplicans et dans l’autorisation de bénir les couples de même sexe qui en découle, cette “théorie de la praxis” qui, en exploitant la soi-disant “théologie pastorale”, voudrait déformer sournoisement la doctrine catholique. Et en quelques traits de plume, il a souligné les responsabilités “théologiques” du cardinal Fernandez qui serait, avec l’aval bergoglien, le rédacteur non seulement de Fiducia Supplicans, mais aussi “l’auteur fantôme” de l’infâme Amoris Laetitia, le document tout aussi confus qui a de fait ouvert toutes grandes les portes de la communion sacrilège aux divorcés “remariés” du monde entier.

Il existe une continuité indéniable entre ces deux documents qui doivent être lus ensemble. Ils apparaissent – et ils le sont – confus et verbeux, mais en même temps ils suivent une logique assez précise, enfants qu’ils sont de la (pseudo) théologie de dérivation luthérienne, qui a eu en Walter Kasper son champion (défini pas au hasard par François comme “un bon théologien” dans son premier Angelus, où il a annoncé la future empreinte du gouvernement et remercié les fauteurs de l’élection).

En d’autres termes, les approximations théologiques auxquelles la pastorale bergoglienne nous a habitués ne sont pas simplement le fruit d’une ouverture d’esprit bon enfant et saugrenue, qui voudrait embrasser tous les pauvres pécheurs maltraités par la rigidité d’un certain moralisme catholique, mais elles sont cohérentes avec la luthérisation la plus lucide et la plus méthodique du catholicisme dans une tonalité kaspérienne.

Nous avions écrit que la pratique de la bénédiction des couples homosexuels avait sans doute quelque chose de satanique (Sull’abominevole Dichiarazione odierna della Congregazione per la Dottrina della Fede), puisqu’avec sa “sanctification” de la stabilité du péché, elle éloigne de fait la conversion et accomplit ce renversement du plan du salut qui plaît tant au prince des ténèbres. La même chose s’est produite – même si la soumission ouverte à l’homosexualité n’était pas encore évidente – avec Amoris Laetitia et l’ouverture de la communion aux divorcés “remariés”. Dans cet article, nous voudrions reproposer notre réflexion sur les racines luthériennes de certains documents récents, dont le dernier, Fiducia supplicans, qui, à partir de son titre, n’acquiert sa cohérence logique que dans la théorie de la justification de Martin Luther – comme nous l’avons écrit pour Amoris Laetitia – et finit par impliquer l’ensemble du dogme catholique jusqu’à l’ecclésiologie et la sacramentaire (cfr. Il fondo inquietante della proposta kasperianaL’Eucarestia secondo Kasper (II)“Progetto Kasper” e attacco alla divina costituzione della Chiesa).

Nous référant, pour une étude approfondie du sujet de la justification dans la doctrine catholique et protestante, à l’intégralité de notre article L’influence de Luther derrière la thèse Kasper, du 21 décembre 2014, lorsque ces questions se sont posées au Synode sur la famille, nous pouvons résumer que, dans la vision luthérienne, le salut a lieu ” sans mérite ” puisque ” l’homme est justifié par imputation de la justice du Christ, appliquée également par le moyen de la foi “1, entendant par ” foi ” la soi-disant ” foi-fidélité ” luthérienne.

“C’est-à-dire que celui à qui les mérites du Christ sont imputés – et qui serait donc un juste – n’est pas renouvelé par la grâce sanctifiante, n’est pas revêtu de la robe blanche après s’être débarrassé du vêtement sale du péché, n’est pas une âme nouvelle, un “homo novus“, mais est une “charogne” (les termes sont luthériens) qui est “enveloppée” dans le manteau blanc des mérites du Christ tout en demeurant “pourrie” à l’intérieur. Restant à l’image, il est quelque chose d’abominable à l’intérieur – “peccator” – mais on lui impute extrinsèquement les mérites du Christ qui le rendent en quelque sorte “simul iustus“. Il peut donc, sans renoncer à son péché, être un “juste”. Le Salut advient donc sans mérite et sans besoin de bonnes œuvres, sans conversion. “Pour le luthérien, peu importe l’état réel de l’âme, ses dispositions, ses efforts et surtout ses sacrifices, soutenus par la grâce coopérante, pour éviter le péché ou s’en amender, ce qui compte c’est une foi illusoire – la foi en son propre salut, indépendamment de l’application de sa volonté, de ses mérites et surtout, en fait, du difficile sacrifice de soi et de ses caprices. Cette corruption radicale a conduit Luther à la théorisation d’un salut “sola fide“, une “foi” dont la notion – qui a envahi le monde catholique aujourd’hui – est fausse, car il ne s’agit pas d’une foi dogmatique, pour laquelle l’adhésion au contenu de la Révélation est essentielle, mais d’une foi-fiduciale dans laquelle ce qui compte est l’aspect, si l’on peut dire, “sentimental”. Donc “pèche fortement, mais crois encore plus fortement” (“pecca fortiter, sed crede fortius“), c’est-à-dire que plus on est endurci dans le péché, plus on continue à pécher et plus on démontre sa confiance absolue et complète dans les mérites du Christ, seuls capables de sauver, indépendamment du libre arbitre de l’homme, qui ne peut rien faire d’autre qu'”espérer” avec force. “Pécher fort, mais croire encore plus fort”, c’est-à-dire que si l’état de pécheur et d’ennemi de Dieu est permanent et s’il l’est et le sera inexorablement, s’il ne reste que la justification imputée par le Christ, qui couvre l’homme de son manteau blanc, pourriture pécheresse incapable de mérite volontaire, il ne reste plus qu’à continuer à pécher, ou mieux encore à se stabiliser dans le rejet de la loi morale de Dieu, en péchant encore plus “2.

Péchant encore plus, certes, mais avec Fiducia, dirait le luthérien. Et ce n’est pas un hasard si le titre de l’abominable document qui innocente effectivement l’homosexualité est précisément “Fiducia supplicans“. Il évoque ainsi cette Foi-Fiducie luthérienne qui semble être le fil conducteur du raisonnement, mais qui reste cachée. L’âme, imprégnée de ” confiance suppliante ” en Dieu, ne se préoccupe plus d’invoquer la grâce pour sa conversion, rendant ainsi le salut compatible avec une vie nouvelle, mais doit se défaire de sa sentimentalité suppliante en voulant s’installer inexorablement dans le péché, voire en ” épousant ” des hommes ou des femmes et en voulant continuer à mener une telle vie. Car, pour le luthérien (et pour certains émules modernistes qui ont envahi l’Eglise…), si l’homme est plongé dans le péché grave, mais qu’il est en même temps justifié par Dieu sans avoir besoin de changer de vie, il n’y a plus qu’à multiplier les actes qui ravivent cette Fiducia supplicante.

À ceux qui objecteraient que les termes des documents ne sont pas aussi crus, on répondra qu’il ne faut pas oublier les vieilles tactiques du modernisme et l’astuce politique qui consiste à fournir des prétextes, toujours plus faibles pour la vérité, à ceux qui ne veulent pas voir, et qu’il faut admettre que certains processus conduisent objectivement à certains résultats en raison de l’inexorabilité intrinsèque de la logique des choses.

Et le document ambigu en question nous dit, entre autres, non sans effronterie, que la “bénédiction” du couple homosexuel peut éventuellement avoir lieu lors d’un pèlerinage. Et même cela cache une certaine cohérence luthérienne, puisqu’il est recommandé que l’acte ait lieu lors d’un “événement fort”, pour reprendre la terminologie du sentimentalisme moderniste, un événement “qui éveille la foi”, indépendamment de la foi surnaturelle dans toute la Révélation et de la résolution dans le bien. Au cours d’un pèlerinage qui, selon la description, serait effectué par le couple homosexuel avec des dispositions si conformes au luthéranisme, que la “bénédiction” peut descendre sur la persévérance ou l’obstination dans le péché, en vertu de l’immersive Fiducia supplicante évoquée qui – “comme un manteau” – couvrirait même le péché contre nature, affiché publiquement sans l’ombre d’une résipiscence. Et qu’est-ce que cela sinon la doctrine luthérienne du simul iustus et peccator, qui condamne le pécheur à faire le mal toute sa vie, qui lui enlève la foi surnaturelle authentique en l’introduisant en fraude avec une vaine Fiducia, qui le condamne à une vie mauvaise sans véritable espérance supranaturelle de rédemption, et qui de fait ridiculise la raison pour laquelle Notre Seigneur a versé son sang, à savoir pour nous rendre semblables à Lui par la Grâce sanctifiante ? Mais peut-on mépriser davantage le pécheur homosexuel, au point d’en faire – le terme est luthérien – une “charogne” incorrigible, au lieu de lui rappeler qu’il est une âme aimée du Christ qui voudrait sa rédemption de la vie mauvaise et sa vraie sanctification par les bonnes œuvres ?

Disputationes Theologicae, le 7 mars 2024, en la fête de Saint Thomas d’Aquin

1 A. Piolanti, La Comunione dei Santi e la Vita eterna, Roma 1992, p. 533.

2 http://disputationes-theologicae.blogspot.com/2014/12/linflusso-di-lutero-dietro-la-tesi.html

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