Dignité infinie ou belle apparence? Les prêtres n’ont pas de droits fondamentaux dans l’Eglise. Heimerl.

1 Maggio 2024 Pubblicato da

Marco Tosatti

Chers amis et ennemis de Stilum Curiae, grâce à la courtoisie de L.L., que nous remercions très sincèrement, nous soumettons à votre attention cet article de Joachim Heimerl. Bonne lecture et bon partage.

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Dignité infinie ou belle apparence?

Les prêtres n’ont pas de droits fondamentaux dans l’Eglise.

Par Joachim Heimerl, 26 avril 2024

 

Après m’être penché dernièrement sur le document du Vatican « Dignitas infinita » et sur la dignité humaine, il me semble évident de réfléchir aujourd’hui aux droits fondamentaux, et ce pour ceux qui les possèdent le moins dans l’Église : ce sont les prêtres et tous les consacrés.

Lorsque j’ai été ordonné prêtre le 1er mai 2019, j’ai promis d’obéir à mon évêque et à ses successeurs. – Il va de soi que tous les prêtres et les diacres font de même.

Chaque candidat sait bien sûr qu’il ne s’agit pas d’une obéissance inconditionnelle, car l’obéissance sacerdotale n’est pas une fin en soi.

Notre obéissance est due à Jésus-Christ et à son Église, et non à l’arbitraire d’un évêque. – Voilà pour la théorie et c’est exactement ce que dit l’enseignement de l’Eglise.

Dans la pratique, les choses sont totalement différentes :

Les prêtres dépendent de leur évêque. Cela commence par le fait qu’ils sont le seul groupe professionnel à ne même pas disposer d’un contrat de travail auquel ils pourraient se référer. Cela signifie qu’ils n’ont en fait aucun droit ; ils sont en fait à la merci de leur évêque et des dispositions très vagues du droit canonique, alors qu’en Allemagne par exemple, le droit du travail ecclésiastique pour les laïcs a été libéré de tout ce qui est un tant soit peu catholique.

Certes, lors de l’ordination, l’évêque s’engage à prendre soin de ses prêtres sur le plan matériel, mais on ne sait pas comment cela se passe dans la réalité. Dispositions comparables et transparentes : aucune !

Au lieu de cela, c’est l’arbitraire pur et simple qui prévaut, et c’est souvent là que commence l’abus de pouvoir : les prêtres sont dépendants et ne peuvent pas se défendre contre leur employeur. La plupart du temps, ils ne le veulent pas non plus, car ils se sentent liés par leur promesse d’“obéissance”.  L’abus de pouvoir et l’abus spirituel se combinent ainsi en un mélange toxique.

Ceux qui, comme moi, ont un bon évêque, ont beaucoup de chance. Mais regrettablement, de plus en plus de prêtres n’ont pas cette chance, et ce d’autant plus que l’Église sous François dérive de plus en plus vers un schisme synodal : ce qui était catholique aujourd’hui sera considéré demain comme “indietriste”, ce qui, dans le jargon de François, signifie ”rétrograde” ou, disons-le simplement : celui qui ne change pas d’attitude comme de sous-vêtements a de mauvaises cartes en main.

Concrètement, cela se présente ainsi : Un prêtre qui défend aujourd’hui la doctrine constante de l’Église a désormais un vrai problème. Et si, en plus, il critique la dérive hérétique du pape, il doit s’attendre – comme le père JesusMary en Afrique – à des conséquences drastiques.

La procédure est toujours la même : on condamne ces prêtres “indietristes” au silence et on leur retire ainsi un droit fondamental que tous les hommes possèdent en vertu de leur humanité. Dans le pire des cas, ils risquent d’être “relégués“ à l’état laïc, ce qui ne tient pas compte du fait que l’ordination sacerdotale est une marque indélébile : une fois prêtre, on l’est pour toujours – il est vrai que lorsqu’il s’agit de l’existence matérielle, c’est une maigre consolation.

Le fait est, et c’est malheureusement partout pareil, que les prêtres doivent “obéir“ à leur évêque et au pape ; s’ils ne le font pas, ils sont rapidement réduits au silence. La liberté d’expression n’existe pas pour eux, pas plus que l’appel au Christ ou à la conscience personnelle. Manifestement, les droits fondamentaux cessent avec l’ordination sacerdotale, et la « juridiction » ecclésiastique ne tient généralement pas non plus ses promesses : les procès « canoniques » contre des prêtres « indietristes » sont des procès-spectacles dont l’issue n’est jamais ouverte. Aujourd’hui, on ne trouve plus rien de tel qu’en Russie ou en Amérique du Sud – et ce, bien que l’Eglise ait récemment découvert les droits de l’homme qui, en tant que « dignité infinie », devraient revenir à chaque individu. C’est justement chez ceux qui possèdent la sublime dignité du sacerdoce que l’on peut se poser des questions, du moins lorsqu’ils sont du côté de l’orthodoxie et le confessent publiquement. Les auteurs présumés d’abus, comme l’artiste jésuite controversé Rupnik, eux, jouissent en revanche de la liberté d’expression.

Le schisme naissant, qui s’empare désormais peu à peu de l’Eglise, est ainsi perceptible en premier lieu chez les prêtres. – Comme l’a dit Notre Dame en 1973 à Akita au Japon : « Le diable s’introduira à l’intérieur de l’Eglise, les cardinaux seront contre les cardinaux et les évêques contre les évêques (…) Les prêtres qui me vénèrent seront méprisés et combattus (…) ».

– Nous en vivons probablement le début en ce moment même.

Dans l’Eglise, seuls ceux qui se moquent et calomnient la foi transmise jouissent de la liberté d’expression. Les vrais serviteurs de l’Eglise, en revanche, paient leur engagement pour la vérité par la persécution interne. Leur « dignité infinie » en tant qu’hommes et prêtres est seulement une belle apparence.

Mais comment les prêtres concernés doivent-ils se comporter ?

Tout d’abord, ils devraient se rappeler qu’en vertu de leur ordination, ils sont prêtres pour toujours et que PERSONNE ne peut leur retirer les pouvoirs qu’ils ont reçus lors de leur ordination.

En même temps, ils devraient se souvenir de leurs droits civiques ; une religieuse « indietriste », Marie Ferreol, en a récemment donné l’exemple : Après avoir été injustement renvoyée de son ordre par le cardinal Marc Ouellet, elle a porté plainte devant un tribunal français et a obtenu 300.000 euros de dommages et intérêts.

Même si le jugement n’est pas encore définitif, il montre déjà une chose : l’Eglise n’a pas de droits spéciaux sur les prêtres et les personnes consacrées et ne peut pas leur retirer ce qui leur revient en tant qu’êtres humains et citoyens.

Dieu merci, les opinions contraires, auxquelles Ouellet se réfère de manière embarrassante, appartiennent définitivement au passé.

Grâce à la courageuse religieuse, il semble que ce coup de semonce ait également été entendu à Rome. Tout le monde sait que lorsqu’il s’agit d’argent, on ne plaisante pas dans l’Eglise. Des actions en dommages et intérêts comparables devraient donc – avec succès – devenir la règle. Je voudrais dire à tous mes confrères : Courage ! Ne laissez personne vous intimider !

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