Mastro Titta répond à un commentaire sur Mgr Gänswein.

9 Aprile 2024 Pubblicato da

Marco Tosatti

Chers amis et ennemis de Stilum Curiae, notre Mastro Titta répond à un commentaire sur son dernier article. La traduction a été faite par L.L., que nous remercions de tout cœur.Bonne lecture.

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MASTRO TITTA : À ‘MONS. V.M.’, AU SUJET DE MGR GÄNSWEIN

En règle générale, je ne réponds pas aux commentaires, ni à l’intérieur des commentaires : c’est un espace pour critiquer ce qu’un type a écrit. C’est la deuxième exception que je fais – de même que dans le premier cas, c’est à propos de Gänswein.

Le lecteur “Mons. V.M.” écrit : “S’il vous plaît, faites attention à ne pas exalter ou défendre Gänswein dans la perspective de critiquer l’oeuvre de François. Vous commettriez une erreur intolérable. Les dommages qu’il a causés au pontificat de Benoît XVI au cours des deux dernières années (2011 et 2012) n’ont pas encore été décrits. Mais ils le seront bientôt. Prudence Mastro Titta. Demandez aux cardinaux que vous citez correctement, en tant que victimes de François, ce qu’ils pensent de Georg…”

Dans mon article précédent – objet du commentaire – il n’y a pas un iota de défense (et encore moins d’exaltation) de l’ancien préfet de la maison pontificale et secrétaire de Benoît XVI. Le fait que Bergoglio attaque quelqu’un ne fait pas de lui un “bon”, tout comme le fait qu’il le favorise ne fait pas de lui un “mauvais”. Les jugements tranchants qu’il émet ne sont pas toujours hors de propos. C’est plutôt le caractère venimeux qui choque, et le sens médiocre de son propre rôle qui fait pleurer de rire. Pour Bergoglio, les gens sont des outils, et finis. C’est un fanatique de l’obsolescence programmée.

Cependant, Mons. V.M. me donne l’occasion d’ajouter une autre tesselle – pas trop utile ni originale, peut-être – à la mosaïque. L’attaque de Bergoglio contre Gänswein “dépourvu d’humanité” doit être lue dans une optique politique, ou plus radicalement de pouvoir. Le langage du pouvoir est le seul que Bergoglio comprenne sans le manipuler, étant donné la qualité des bévues politiques et diplomatiques qu’il commet, ainsi que la servilité baveuse qu’il a toujours manifestée à l’égard de certaines idées et de leurs maîtres. La médiocrité, en effet, ne s’achète pas : elle gouverne l’âme sous l’apparence de la ruse (Je suis un peu rusé, je sais bouger”, répondait le malheureux, ignorant l’effet paradoxal de l’auto-éloge).

Bergoglio discrédite et délégitime Gänswein parce que, préfet de la Maison pontificale et secrétaire de pas moins de deux papes pendant une longue période de cohabitation, il est objectivement un point de référence et de connexion politique. Un intermédiaire, ou un entremetteur si ses détracteurs préfèrent, entre des cardinaux et des évêques qui se connaissent peu et ont peu de temps pour se connaître et se fréquenter, de par la fonction qu’il occupe depuis près de vingt ans.

Il n’est pas du tout étrange de penser que Gänswein soit devenu le “secrétaire” d’une certaine faction ou d’un certain parti, et que les murmures de ces “manœuvres” – “Dieu ne tolère pas les manœuvres”, a dit Bergoglio en signifiant humblement qu’il ne les tolère pas – sont parvenus jusqu’à son vénérable pavillon auriculaire. C’est la seule chose dont Bergoglio se soucie.

Raison de plus, comme Wojtyla et le cardinal Ratzinger l’ont fait en 1996 en promulguant Universi Dominici Gregis, l’année même où, selon Daneels, les Carbonari de la Mafia de Saint-Gall ont commencé à se réunir, pour promulguer une nouvelle constitution apostolique réglementant l’élection, voire la nomination, de personnages à l’image et à la ressemblance du nôtre, au cas où il descendrait dans l’Hadès sans jouir du spectacle post-apocalyptique si soigneusement ciselé.

L’erreur que je voudrais plutôt souligner est celle, très courante, qui consiste à observer le “phénomène François” à la lumière de catégories doctrinales, canoniques ou spirituelles dont la personne concernée ne se soucie franchement pas.

Pour ce que cela vaut, je n’ai pas une haute opinion de Gänswein, bien qu’un exercice utile de mortification personnelle consiste à se mettre à la place de sa cible : pour être honnête – nous le sommes rarement – la plupart du temps, on en sortirait avec des os brisés. Je ne suis pas non plus assez ignorant pour penser que ceux qui se trouvent dans les sphères sacrées de Bergoglio sont des champions de la catholicité : loin de là. J’ai tendance à penser comme le lecteur attentif, mais dans les limites de mes cordes, j’évite le piège de l’âne qui dit que le pot est noir.

Le grand sujet, c’est plutôt de penser que Bergoglio divise l’Église en amis et en ennemis. Les amis – les flatteurs – pensent faire une brillante carrière en astiquant l’humble derrière du souverain : citons Forte, Fisichella, Galantino et bien d’autres pour les résultats malheureux. Ses ennemis pensent le mettre en difficulté avec des accusations feutrées d’hérésie et autres facéties.

Bergoglio n’en a cure. Si nous devions établir un périmètre idéal entre les catholiques ‘progressistes’, ‘d’ouverture’ ou ‘bergogliens’ et le front opposé ‘traditionaliste’, nous serions encore dans une sphère rationnelle. C’est-à-dire : face à l’Église et à la papauté, il y a ceux qui la préfèrent brune et ceux qui la veulent blonde. Mais Bergoglio agit sur un tout autre terrain, et joue un jeu différent.

Si l’on admet un instant que Bergoglio soit un non-catholique militant qui hait l’Église, on voit bien qu’il se moque de ceux qui, de diverses manières, gagnent leur vie sur la barque de Pierre : son rêve est de la couler, mieux encore de l’échouer et d’en briser la quille afin que, pour inutilisable qu’elle soit, elle conserve la forme d’un vaisseau au profit des illusionnés.

Imaginer un Luca Casarini, parmi les laïcs voulus par Bergoglio au Synode, apparaissant un soir en blouse de glacier au balcon de Saint-Pierre, saluant les fidèles d’un tonitruant “Loué soit Borgo Pio”, est peut-être risqué à court terme, mais l’avenir le dira. Les conditions préalables sont toutes réunies, y compris les légions d’initiés livides qui disséqueraient le fait pour prouver qu’il s’agit d’une manifestation qui se conforme de manière frappante à l’Évangile des origines.

Si Mons. V.M. a raison au sujet de Gänswein, ce sont précisément les limites personnelles de ce dernier, qui sont loin d’être étrangères à Bergoglio lui-même, qui placent Gänswein sur le même plan que François, faisant de lui un adversaire dangereux parce qu’il possède les connaissances et l’expérience nécessaires pour comploter non pas tant contre lui – il est condamné – que contre son héritage.

Nous ne devons pas oublier que nous parlons d’un évêque autoproclamé de Rome qui trouve amusant de faire le pape, qui a lancé qu’il pourrait être le premier pontife à provoquer un schisme, qui invite les gens à vendre des églises vides pour gagner quelques centimes à donner aux pauvres, peut-être sous la forme de pizzas surgelées consommées dans les basiliques invendues. Ce sont là des détails extrêmement révélateurs, qui n’ont peut-être pas été pris en compte à leur juste valeur dans le tableau d’ensemble. En parlant de tableaux, ou plutôt de palettte, si vous deviez comparer Bergoglio et son pontificat para-catholique à une œuvre d’art, ce serait La Nef des fous de Jérôme Bosch.

Passons sur les moqueries à l’égard des cardinaux Sarah et Burke – pure méchanceté – mais l’accusation portée contre Gänswein, d’être dépourvu d’humanité, est lourde de sens. Elle est digne du ministre israélien Gallant qui, à propos des Palestiniens, parle d'”animaux humains”. Peut-être Bergoglio craint-il dans Gänswein ce que Mons. V.M. rejette dans Gänswein : l’amour du pouvoir exercé au pied levé.

Je suis convaincu qu’il faut écouter et observer ce monsieur avec un scrupule philologique : tout apparaîtra alors pour ce qu’il est vraiment. Et ce qu’il est n’a rien à voir avec le Christ, l’Église, la foi ou, pour les minimalistes les moins exigeants, l’occasion dramaturgique. Il veut entrer dans l’histoire comme bourreau de l’Église catholique. Le reste, intéresse le petit reste. Peut-être.

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