Un prêtre chinois écrit aux cardinaux (et au prochain pape) : l’avenir de la Chine est entre vos mains. Stella Maris.
25 Aprile 2025
Marco Tosatti
Chers amis et ennemis de Stilum Curiae, nous portons à votre attention ce message publié par Stella Maris, écrit par un prêtre chinois qui reste naturellement anonyme. Merci de tout coeur a Louis Lurton pour la traduction. Bonne lecture et partage.
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Au futur pape : l’avenir de la Chine est entre vos mains
Par : Prêtre chinois anonyme
Tout d’abord, l’Église en Chine pleure la perte de notre Saint-Père, le pape François. Requiem aeternam dona ei, Domine, et lux perpetua luceat ei. Qu’il repose en paix.
Maintenant que le pontificat du pape François est terminé et que les cardinaux se préparent à se réunir en conclave pour élire le prochain Saint Pontife, je vous écris cette lettre ouverte, à vous, cardinaux électeurs, avec une conscience lourde et un profond sentiment d’urgence.
Ceci n’est pas une lettre de campagne pour un candidat en particulier. C’est un appel sincère, un appel à écouter le cri de mon peuple, qui souffre vraiment.
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Une Église en silence et en souffrance
Depuis la signature de l’Accord provisoire le 18 septembre 2018, l’Église en Chine est plongée dans le chaos et la tourmente. Par respect pour l’Office de saint Pierre, nous sommes restés silencieux pour éviter le scandale parmi les fidèles, comme un agneau mené à l’abattoir.
« Il s’est offert parce qu’il le voulait, et il n’a pas ouvert la bouche ; il sera mené comme une brebis à l’abattoir, comme un agneau devant celui qui le tond, il se taira et n’ouvrira pas la bouche » (Ésaïe 53:7).
Mais tout comme Notre Seigneur est ressuscité des morts, le peuple chinois doit également ressusciter. Comme la Résurrection, un jour nouveau doit se lever pour nous. Alors que vous discernez qui dirigera l’Église dans les années à venir, nous vous implorons de ne pas oublier la Chine.
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Le troisième millénaire appartient à l’Asie
Il y a 1,47 milliard de Chinois dans le monde, soit plus que la population entière de l’Europe ou des Amériques. Cela représente environ 18 % de la population mondiale. Près d’un être humain sur cinq est chinois.
Dans cette perspective, le prochain pontificat devra donner la priorité à la mission de l’Église en Chine. Comme l’a écrit le Saint Pape Jean-Paul II dans Ecclesia in Asia :
« Comme au premier millénaire la Croix fut plantée dans le sol de l’Europe, et au deuxième dans le sol des Amériques et de l’Afrique, nous pouvons prier pour qu’au troisième millénaire chrétien une grande moisson de foi soit récoltée dans ce vaste et vital continent. »
Nous sommes la dernière grande civilisation à recevoir l’Évangile de Jésus-Christ. D’innombrables âmes attendent encore d’entendre le message salvifique de Notre Seigneur. Nous avons besoin d’un Pontife courageux, d’un pasteur prêt à marcher avec nous et à nous aider à apporter le Christ à notre peuple.
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Violation de la subsidiarité
Dans Quadragesimo Anno (1931), le pape Pie XI écrivait :
« C’est une injustice et en même temps un grave mal et une perturbation de l’ordre public que d’attribuer à une association plus grande et supérieure ce que des organisations plus petites et subordonnées peuvent faire. »
Six ans et sept mois se sont écoulés depuis la signature de l’Accord provisoire de 2018. Durant cette période, beaucoup d’entre nous n’ont jamais été consultés : ni les évêques, ni les prêtres, ni même les prélats chinois de haut rang tels que le cardinal Joseph Zen et l’archevêque Savio Hon.
Nous exclure des discussions qui touchent directement notre Église et nos vies est non seulement injuste, mais aussi dangereux. Aujourd’hui encore, nous ne connaissons pas le contenu complet de cet accord. Pourquoi un accord international affectant des millions de catholiques chinois reste-t-il secret après six ans ?
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Silence de Rome
Nous avons besoin d’une meilleure communication avec le Saint-Siège.
Combien de lettres de l’Église clandestine sont restées sans réponse ? Combien d’appels urgents ont été ignorés ?
C’est inacceptable. Nous aspirons à vivre dans une sainte obéissance, mais cela devient presque impossible lorsque la communication est absente ou inexistante.
Comme l’écrivait le pape Pie XII dans Menti Nostrae (1950) :
« Les supérieurs ne doivent donc pas se dérober à leur devoir de correction et de direction, car ils seront responsables des âmes qui leur sont confiées. »
Nous réclamons ce leadership, cette orientation, même juste un mot de Rome.
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Repenser la diplomatie chinoise
La stratégie diplomatique du Vatican envers la Chine doit être complètement revue. Nous n’avons pas besoin de diplomates professionnels ou de soi-disant « experts de la Chine » pour prendre des décisions en notre nom.
La plupart d’entre eux parlent à peine notre langue ou comprennent à peine notre culture. Nous avons besoin de voix chinoises natives à la table des négociations.
Depuis plusieurs années, il est insensé et naïf de ne pas inclure dans ces discussions des membres du clergé chinois fidèles et expérimentés, tels que le cardinal Zen et l’archevêque Hon. Bien sûr, ils avancent en âge. Mais ils possèdent une sagesse et une perspicacité que les conseillers du Vatican n’ont pas.
Ils voient le vrai visage du Parti Communiste Chinois, un visage que vos « experts » et vos prélats-touristes ne parviennent pas à voir, aveuglés par des illusions politiques et une pompe orchestrée.
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La langue est mission
Enfin, disons la vérité :
Il est inacceptable que les décisions concernant l’Église en Chine soient prises par des personnes qui ne parlent pas chinois.
Pourquoi décidez-vous de notre avenir si vous ne pouvez pas lire nos paroles ou nous parler directement ?
Il est frustrant et démoralisant de communiquer par l’intermédiaire d’interprètes dont nous remettons parfois en question la fidélité à la vérité et qui peuvent même être des agents du Parti communiste chinois.
Si l’Église souhaite servir la Chine, elle doit parler notre langue, comprendre notre culture et écouter nos voix.
Conclusion : Un tournant pour l’Église et la Chine
Ce conclave ne servira pas seulement à choisir un nouveau pape.
Il s’agit de choisir une nouvelle direction pour l’Église, notamment pour l’avenir de la Chine.
Allons-nous continuer à être ignorés et marginalisés ? Ou serons-nous enfin vus, entendus et accompagnés ?
L’Église en Chine prie. Veille. Attend. S’il vous plaît, ne laissez pas nos souffrances être vaines.
Merci de partager largement cette nouvelle dans l’espoir qu’elle parvienne aux cardinaux électeurs à Rome
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Tag: chine, futur pape, message
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